| Par Myreille Simard

Dans cette série présentant des familles au parcours différent, vous rencontrerez des parents qui redéfinissent la parentalité, capables à la fois de force et de détermination pour mener la vie qu’ils ont choisie et de beaucoup de douceur pour leurs enfants.

Présentation de la famille

Mariées depuis 2017, Marie-Chantal, 31 ans, et Anny, 47 ans, sont les mamans d’Auguste, 2 ans, et d’Arlo, 2 mois. Marie-Chantal est tombée enceinte quelques mois après leur mariage à la première tentative d’insémination artificielle. Auguste est donc né le 12 mai 2018. Au moment de notre rencontre, Marie-Chantal était sur le point d’accoucher d’Arlo.

Avez-vous fait face au jugement des autres parce que vous êtes une famille différente?

« Pas vraiment. Aujourd’hui, si tu es raciste ou homophobe, tu vas te faire critiquer sur les réseaux sociaux, raconte Marie-Chantal. Les gens sont gênés de critiquer les différences. J’ai toujours fait les choses différemment des autres. Quand mes parents ont su que j’allais devenir maman avec Anny, ils étaient simplement contents de devenir grands-parents. »

« Notre mode de vie végane dérange plus que notre modèle familial, ajoute-t-elle. Je sens davantage de jugement par rapport au fait que je ne donne pas de viande à mon enfant. » Marie-Chantal a d’ailleurs lancé le blogue www.bebevege.com pour inspirer d’autres familles.

« À l’hôpital, par contre, c’est une autre histoire. On a écrit le nom d’Anny dans la case du père sur les formulaires de naissance parce qu’il n’y avait pas d’autre option. À la garderie, il est déjà arrivé qu’une éducatrice appelle Anny « Daddy », mais sinon, on ne ressent pas d’homophobie. »

Qu’est-ce qui a représenté le plus grand défi pour vous en devenant parents?

« Me remettre d’une césarienne et m’occuper d’un bébé en même temps les premières semaines », raconte Marie-Chantal.

« Ce n’est pas facile de ne pas s’oublier quand on devient parent, explique Anny.  J’ai dû sacrifier le temps que j’avais avant pour pratiquer mes passe-temps préférés. J’aimais faire de la menuiserie dans mes temps libres. Maintenant, je me suis trouvé de nouveaux loisirs qui incluent Auguste. »

Quelle est la chose la plus gentille que votre enfant ait faite pour vous ou quelqu’un d’autre?

« Je me souviens, lorsque nous avons décoré sa chambre, nous avions attendu que ce soit terminé pour lui montrer le résultat final. Il a dit « Wow! » et est venu nous faire un câlin. On fait du cododo et, chaque soir avant de s’endormir, Auguste me joue dans le dos et dans les cheveux », raconte Marie-Chantal.

Avez-vous rencontré des embûches parce que vous êtes deux mamans?

« Le processus d’insémination est une épreuve très difficile que nous avons dû traverser ensemble. Concevoir un bébé, c’est censé être beau et romantique, mais dans les faits, pour nous, ça a été très clinique et froid », explique Marie-Chantal avec beaucoup d’émotion.

Qu’est-ce qui vous apporte le plus de réconfort?

« Notre récompense, c’est de passer du temps avec notre fils. Auguste nous donne une joie de vivre incroyable. Avant, nous revenions exténuées du boulot et nous soupions devant la télévision. Maintenant, nous lisons des histoires collés tous les trois dans notre lit. C’est magique et nous ne sommes jamais trop fatiguées pour profiter de ce moment-là », raconte Anny.

Où trouvez-vous toute la détermination et l’énergie nécessaires pour assumer votre rôle de parents?

« Ma grande patience », répond Anny.

« Je suis capable d’aller chercher de l’aide autour de moi quand j’en ai besoin », dit Marie-Chantal.

En quoi le fait de devenir parents vous a-t-il transformées?

Je pense qu’on devient plus doux quand on devient parents. On devient vraiment plus vulnérables, plus sensibles; on pleure pour pas grand-chose maintenant et on montre beaucoup plus nos émotions.

Quel serait votre meilleur conseil pour les autres mamans?

Suivre son instinct. Tout le monde aura des conseils à vous donner, tout le monde voudra bien faire, mais, en fin de compte, c’est vous qui déciderez ce que vous jugez bon pour votre propre famille. Il faut se répéter qu’on est une bonne maman.

Comment élève-t-on des enfants à la fois forts et sensibles?

Il faut corriger les comportements dès le plus jeune âge. Il faut leur expliquer qu’on ne doit pas mordre un ami par exemple et, surtout, ne pas pogner les nerfs et les tirer par le bras. La discipline doit se faire verbalement si on veut leur apprendre la douceur.