| Par Myreille Simard

Dans cette série présentant des familles au parcours différent, vous rencontrerez des parents qui redéfinissent la parentalité, capables à la fois de force et de détermination pour mener la vie qu’ils ont choisie et de beaucoup de douceur pour leurs enfants.

Présentation de la famille Mytae (la première lettre de chaque prénom)

Originaire du sud de la France, mais établie temporairement au Canada depuis l’automne 2019 après huit années de voyage, la famille Mytae se qualifie de famille nomade. Composée de Maude, de Yannick et de leurs trois enfants, Théo, 12 ans, Arthur, 9 ans, et Emmy, 5 ans, leur parcours ne laisse personne indifférent. Inspirants, ils ont d’ailleurs été invités à raconter leur histoire à maintes reprises dans les médias.

Alors que Théo et Arthur étaient âgés de 4 ans et de 2 ans respectivement, et après une longue réflexion, Maude et Yannick ont décidé de vendre tous leurs biens (maison, meubles, etc.) pour partir sur les routes de la France pour une durée indéterminée. C’est d’abord dans une roulotte tirée par deux chevaux, puis à bord d’un autobus scolaire transformé, qu’ils ont vécu 24 h sur 24 h avec leurs enfants.

Huit ans plus tard, après avoir exploré la France, l’Espagne et maintenant le Canada, ils sont plus convaincus que jamais que leur décision de changer de mode de vie était la bonne pour eux et leurs trois enfants.

Avez-vous fait face à beaucoup de jugement en raison de votre mode de vie nomade?

Oh oui! Notre famille la première a tenté de nous dissuader de partir. Beaucoup de nos amis n’étaient pas d’accord avec cette idée. On a fait un gros ménage dans notre vie sociale à ce moment-là. Nous habitions alors dans un petit village de la France, et ça jasait beaucoup contre nous. Ça a été très difficile de gérer les commentaires des gens, surtout sur les médias sociaux.

Où avez-vous puisé la détermination pour aller jusqu’au bout de votre projet?

C’est l’appel intérieur de retrouver l’essentiel qui nous a donné le courage de partir. Et nos enfants. On a l’impression d’avoir commencé à vivre réellement lorsqu’on a eu nos enfants. On se demande comment on faisait avant. Ils sont la raison pour laquelle nous faisons tout ça. Nous voulons vivre près d’eux.

Quelles ont été vos plus grandes peurs?

Nous avions peur de ne pas avoir tout ce qu’il fallait pour les enfants côté matériel (couvertures, couches, etc.). Vendre une maison et tout son contenu pour garder uniquement l’essentiel qui peut entrer dans une roulotte, c’est tout un défi.

Où avez-vous trouvé le réconfort pour passer au travers des moments difficiles?

Nous avons vite réalisé que, pour chaque moment difficile, la vie nous envoyait un moment doux. Je n’oublierai jamais le jour où, à la veille de notre grand départ, nous avons dû euthanasier l’une de nos juments, ce qui mettait en péril notre projet. Le lendemain, Thierry Lacroix, un présentateur vedette de rugby en France, est venu nous interviewer et il nous a fait un don en argent pour que notre projet puisse voir le jour. On a eu de belles récompenses comme ça tout au long de notre parcours.

Le jour où nous sommes finalement partis, nous avons reçu une tonne de commentaires d’amour de nos abonnés sur Facebook et Instagram.

Dans les épreuves, avez-vous tenté de rester forts et solides pour vos enfants?

Justement, non. On n’a pas eu peur de montrer à nos enfants qu’on pleurait. Même un homme a le droit de pleurer. C’était important de leur montrer nos faiblesses et de ne rien leur cacher.

Quelle est la plus belle récompense de votre mode de vie différent?

Le temps et la liberté de mener à bien nos rêves et ceux de nos enfants. Les belles rencontres. Quand on fait le ménage dans ses amitiés, on fait forcément de la place pour de nouvelles personnes. Le plus beau cadeau qu’on fait à nos enfants, c’est le temps.

Est-ce que c’est difficile d’être une famille qui sort du cadre classique?

Nous voyons plutôt ça comme une grande force. Nous avons choisi de vivre comme nous le faisons. C’est loin d’être un chemin facile, mais on a vécu des choses incroyables. Nous sommes devenus les maîtres de nos vies.

Qu’est-ce que ce mode de vie différent enseigne à vos enfants?

Nos enfants entrent très facilement en contact avec les autres. Ils ne manquent pas de socialisation, contrairement à ce que plusieurs croient, juste parce qu’ils ne vont pas à l’école. Ils interagissent avec des gens de tous les âges et de toutes les cultures et ont une excellente capacité d’adaptation, des forces qui les suivront toute leur vie.

Comment élève-t-on des enfants à la fois forts et sensibles?

La plus grande force qu’on peut donner à nos enfants, c’est la capacité d’adaptation et la communication. Si on leur donne les outils pour communiquer, ils seront capables de mieux faire face aux situations de la vie.

En quoi le rôle de parents vous a-t-il transformés?

Pour moi, devenir mère a ouvert toute grande la porte de la vulnérabilité. Il n’y a plus juste ta vie à toi qui compte. C’est une grosse charge mentale à porter. En même temps, nos enfants nous rendent tellement plus forts. Nos liens familiaux sont beaucoup plus forts depuis qu’on passe tout notre temps ensemble; c’est notre plus belle récompense. En étant doux et fusionnels avec nos enfants, on leur procure la sécurité dont ils ont besoin pour se sentir bien et devenir forts eux aussi.

Quelle est la chose la plus bienveillante qu’un de vos enfants ait faite jusqu’à présent?

À 12 ans, notre fils a demandé à être bénévole pour la bibliothèque du village. Une grande fierté!

Vous pouvez suivre la famille Mytae sur Instagram :

instagram.com/mytae_rencontre_le_monde/

Pour un aperçu de toutes leurs années de voyage :

https://youtu.be/AiHi4e1LKzg