| Par Vanessa Maisonneuve-Rocheleau

Dans cette série présentant des familles au parcours différent, vous rencontrerez des parents qui redéfinissent la parentalité, capables à la fois de force et de détermination pour mener la vie qu’ils ont choisie, mais aussi de beaucoup de douceur au quotidien avec leurs enfants.

Présentation de la famille

Kathy Lévesque et Marc-André Gadoury, les parents de Victorin (et du petit Marc-Édouard né le 22 mars dernier!), ont accepté de discuter de leur quotidien et du choix de papa de rester à la maison avec les garçons!

Est-ce que le fait que papa reste à la maison était prévu dès le départ? Est-ce quelque chose que vous aviez envisagé avant la naissance de Victorin?

Kathy : Non, en fait, mon conjoint était conseiller municipal à la Ville de Montréal lorsque Victorin est né. Comme c’est un travail très prenant, c’est moi qui ai pris le congé parental au complet. J’adore mon fils et j’ai bien sûr passé de très beaux moments avec lui, mais je suis quelqu’un qui a bien de la difficulté à rester à la maison à long terme, alors j’ai trouvé ça plutôt ardu. De son côté, mon conjoint a raté plusieurs moments de la première année de vie de notre garçon, alors, quand il a perdu ses élections l’année suivante, il a voulu en profiter pour rattraper le temps perdu.

Justement, le fait de passer d’un emploi aussi exigeant à père au foyer a-t-il entraîné une période de transition plus difficile?

Kathy : Je dirais que ça a été une belle période d’adaptation en couple. Comme il était très souvent au travail, il n’avait pas vraiment été plongé dans toutes les petites tâches quotidiennes qui entourent la vie d’un bébé. Disons que la réalité l’a un peu pris de court au départ, mais il s’est bien adapté et Victorin et lui sont maintenant inséparables; c’est vraiment beau de voir le lien qu’ils ont pu tisser grâce à ça!

 

Côté financier, j’imagine que vous avez aussi dû vous ajuster un peu puisque vous passiez de deux salaires à un seul?

Kathy : On a été plutôt chanceux de ce côté-là, parce que mon conjoint a continué à recevoir un salaire pendant un certain temps après avoir perdu ses élections, donc la coupure ne s’est pas faite du jour au lendemain. Et on a naturellement réduit beaucoup de petites dépenses ici et là; par exemple, avec papa à la maison, plus besoin d’arrêter en vitesse le soir pour acheter un repas déjà préparé pour le souper. Aussi, comme on a décidé de déménager plus près de mon lieu de travail, on a coupé beaucoup sur l’essence. Ce sont de petites choses comme ça qui, mises ensemble, permettent quand même d’économiser un bon montant tous les mois!

Avoir un parent à la maison, est-ce un modèle que vous avez eu dans votre enfance?

Marc-André : Non, pas du tout, mes deux parents ont toujours travaillé à temps plein.

Kathy : Moi, j’ai vécu avec mes trois frères et sœurs et ma mère. Comme elle nous a élevés seule, elle a toujours dû travailler très fort, et c’est bien sûr quelque chose qui m’est resté. Elle m’a toujours dit qu’il fallait travailler dur pour avoir ce qu’on voulait dans la vie. Alors, une fois en congé de maternité, j’ai vécu un petit choc; je me sentais coupable de rester à la maison plutôt que d’aller travailler. Mon conjoint, lui, était triste d’avoir manqué plusieurs moments avec son fils, donc la transition s’est faite tout naturellement.

 

Être papa à la maison reste, encore aujourd’hui, quelque chose de très peu répandu dans la société. Avez-vous eu à composer avec certains commentaires dans votre entourage à ce sujet?

Kathy : Je pense que mon conjoint a surtout eu droit à des taquineries de la part de ses amis au départ. C’est certain que les gens trouvent ça différent comme mode de vie, alors parfois ils font des blagues, mais ce n’est jamais rien de méchant.

Par contre, comme papa est à la maison, Victorin n’a jamais fréquenté la garderie, et ça, ça fait jaser! On se fait très souvent dire : « Ah ouin, Victorin ne va pas à la garderie? Vous n’avez pas peur qu’il ait des retards de développement? » Mais ce que les gens ne comprennent pas, c’est que mon conjoint est très actif et qu’il fait vivre toutes sortes d’expériences à notre fils. Ils sortent et voyagent beaucoup ensemble, ils voient des amis, ils cuisinent. Je pense que la majorité des apprentissages qui se font à la garderie sont intégrés dans notre quotidien. On lui montre les couleurs et l’alphabet et, comme il est exposé à beaucoup d’autres cultures dans le cadre de nos voyages, il a même déjà acquis une certaine connaissance de l’anglais et de l’espagnol. Bref, ça ne nous inquiète pas du tout!

Une journée typique chez vous, ça ressemble à quoi?

Marc-André : Je me suis établi une routine de semaine, dont l’horaire est bien sûr très flexible, mais qui comprend toujours du temps pour la gestion des revenus, l’éducation des petits et les tâches ménagères (on parle d’environ 10 minutes de lavage, 10 minutes de vaisselle et 10 minutes de ménage!). Pour les enfants, j’essaie toujours de prévoir deux activités par jour, qu’elles soient sportives, culturelles ou encore artistiques. Le moment clé de ma journée demeure leur sieste, qui me permet de travailler sur mes propres projets!

Quels sont, pour vous, les plus grands avantages d’avoir papa à la maison?

Kathy : La simplicité de notre organisation quotidienne. Se dépêcher le matin pour faire son lunch avant d’aller reconduire bébé à la garderie, le stress d’arriver à tout faire en arrivant quand même à l’heure au bureau, ça n’existe pas chez nous. On peut prendre tout le temps qu’on veut et on n’a pas non plus à s’inquiéter de l’heure à laquelle les enfants se couchent puisqu’ils peuvent dormir à leur aise le lendemain matin! Ça nous permet de sortir en masse sans avoir besoin de nous priver et de faire de nos fils nos fidèles compagnons de sortie! Ils nous suivent partout où on va, et on adore ça!

Marc-André : Tout à fait! Et ça me permet vraiment de passer du temps de qualité avec mes enfants. Dans une année, on peut passer 60 jours à skier et 60 jours à la plage; ce n’est pas tout le monde qui peut en dire autant. Je pense que c’est un très bel avantage!

Avez-vous un souvenir particulièrement marquant des dernières années passées avec Victorin?

Marc-André : Lorsqu’il a terminé son apprentissage de la marche dans la portion de retour de notre voyage familial en train dans l’Ouest canadien : en sortant du train à Montréal, il a couru vers maman, qui était revenue en avion quelques jours plus tôt. C’était magique!

Comment envisagez-vous la suite des choses dans les années à venir?

Kathy : Avec la venue de Marc-Édouard, ce sera encore plus pratique d’avoir papa à la maison à temps plein! Je compte prendre 4 mois de congé de maternité, puis effectuer un retour progressif au travail avec un horaire allégé. On va donc pouvoir continuer notre belle routine pendant encore un bon moment!

Auriez-vous un petit conseil à donner aux autres papas qui hésitent encore à faire le saut?

Marc-André : Je leur dirais de ne pas avoir peur et de foncer. Avoir les enfants à temps plein, c’est vraiment agréable et ça n’a pas à être compliqué :  on s’amuse, on se salit et on apprend! Je leur dirais aussi d’en profiter pour faire de longs voyages, de belles balades à vélo, des visites à la bibliothèque, bref de faire le plein de belles activités en famille!

La dernière fois où vous avez failli perdre patience en tant que parents?

Marc-André : C’est sûrement la dernière fois que Victorin nous a sorti : « Ouin, mais c’est parce que c’est ça la règle. » C’est sa phrase préférée ces temps-ci quand on joue à n’importe quoi avec lui; je te dis qu’il ne faut pas défaire ses règles, c’est du sérieux!

Le plus bel aspect de la parentalité selon vous?

Marc-André : Tout? (Rires) Honnêtement, c’est tout simplement merveilleux! Voir évoluer un petit être qu’on a mis au monde, voir sa personnalité se développer tranquillement et voir un peu de nous deux dans tout ça, c’est magique!

Le meilleur truc ou conseil que vous pourriez donner à de futurs parents?

Marc-André : Ne pas croire tout ce qu’on lit sur Internet! Et, surtout, ne pas penser qu’un enfant est un fardeau et qu’il vous empêchera de continuer à mener votre vie comme vous l’entendez. Il faut simplement s’ajuster à un nouveau compagnon, mais à part ça, tout demeure possible!